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13 juin 2010 7 13 /06 /juin /2010 07:01

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Au début, je ne vis rien d'autre que ses yeux bleus sous ses longs cils noirs et effilés qu'elle maquille durant de longues minutes devant son miroir. Elle traversa mon champ visuel, ses doigts en caressèrent d'autres que moi, s'attardèrent  sur leur peau... elle pencha la tête d'un coté puis de l'autre comme pour mieux  apprécier l'exacte beauté de chacun de nous. Sa main nous frôla tous. Elle joua avec nous comme une virtuose joue de sa harpe. Soudain, son regard se posa sur moi. Si nous n'avions pas tous été aussi serrés je crois bien que je me serai évanoui aussitôt. Je compris que j'allais être l'heureux élu. Pourquoi moi? Pourquoi, après tant d'années, me choisir à nouveau quand d'autres, plus classiques, ont déjà fait leur preuve? Car oui, nous avions déjà été amant il y a bien longtemps...combien? dix ans? Un moment inoubliable, rempli de souvenirs merveilleux, qui m'avait fait découvrir les joies du partage. Déjà, lorsque ses mains m'avaient étreint dans ce magasin, il y a tant d'années, mon coeur n'avait fait qu'un bond. Nous nous étions retrouvé seuls, nus sur une plage de sable fin et là, dans le bruit des vagues, nous avions fait l'amour pendant des heures. Beau souvenir, grand souvenir. Aujourd'hui, nous étions tout deux plus vieux. Ma peau avait flétri et de ça et là apparaissait quelques écornures. Mon teint, devenu pâle, n'avait plus ses couleurs d'antan. Et mes entrailles, jaunies, ne dégageaient plus cette odeur de fraîcheur des bois. Pourtant, peut être en souvenir de ses moments de bonheur passé, elle porta  une nouvelle fois son choix sur moi...Les copains en furent jaune de déception. C'est ainsi, que nous redevînmes amant trois lunes durant. Elle m'allongea près d'elle sur son lit, tourna mes pages avec la délicatesse que je lui avais connu. Je pu sentir  à nouveau son souffle chaud et doux sur  chacune de mes fibres. Le moment venu de me poser sur sa table de chevet, jamais elle n'écornait ma page, jamais elle ne plaçait un objet entre mes feuilles au risque de m'abîmer, non, elle se souvenait exactement de l'endroit où nous nous étions quitté. Je savais que ce moment serai bref et que, bientôt, elle me reposerait sur l'étagère de la bibliothèque de son salon, parmi d'autres, serrés comme des sardines. Mais je me contentai d'apprécier chaque seconde de nos retrouvailles comme si c'était la première fois, en espérant ne pas avoir à attendre, encore, dix longues et interminables années, sur cette étagère, avant que nos chemins se croisent à nouveau.

 

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29 mai 2010 6 29 /05 /mai /2010 10:31

9782100523061-VVoici un livre, lu il y plus de 20 ans, du temps de mes chères études à la Sorbonne, qui ne laisse pas indifférent.

Un livre? Non! Plutôt une bible pour tous les philosophes fondus de logique mathématicienne.  Ecrit par Douglas Hofstadter (son est facile à écrire: il suffit de poser la paume de la main à plat sur le clavier et d'appuyer très fort...) en 1979, il a obtenu le prix Pullitzer en 1980. 800 pages à dévorer (mais pas comme livre de chevet si vous ne voulez pas vous réveiller avec une migraine) sans trop essayer de tout comprendre sinon deux vies n'y suffiront pas. Douglas Hofstadter explique comment trois hommes qui excellent dans leur domaine : Godel ( logicien reconnu), Escher ( dessinateur de l'infini), Bach ( on le connaît celui là?), se rejoignent dans une même structure de pensée autoréférente. On y découvre que la pensée humaine n'est pas unique mais auto-référencée et se construit comme un jeu de miroir.

Boucles, canons, retour sur soi même, autoréférence, infini...autant de concept utilisés par ces trois génies de la musique, de la logique et du graphisme.

A conseiller pour les mordus de logique et de philosophie.

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 07:19

51NM2ACXuUL. SL160Finalement l'audience préliminaire du vendredi 9 avril s'est soldée par un procès qui aura lieu le 15 octobre 2010. Les propriétaires du "Marché saint Pierre", rappelons le, demande l'interdiction ni plus ni moins du roman de Lalie Walker et des dommages et intérêts d'un montant de deux millions d'euros pour l'écrivaine et son éditeur, somme démesurée dans ce genre de procédure. Lalie Walker bénéficie du soutien de nombreux blogueurs ainsi que d'une presse plutôt favorable étant donné l'atteinte à la liberté d'imagination des auteurs de fiction que cela peut induire. Certes " Le Marché saint Pierre" est une marque déposée, et Lalie Walker, semble-t-il n'aurait pas demandé d'autorisation afin d'utiliser la marque, mais c'est aussi un lieu connu de Paris, comme l'a pu l'être "La Samaritaine" ou le sont "Les Galeries Lafayette". C'est tout à l'honneur du propriétaire du "Marché saint Pierre" d'avoir érigé sa marque en nom commun, comme "frigidaire" par exemple, le fond du problème pour le tribunal sera de savoir si " Le marché saint Pierre" a été utilisé dans le roman "Aux malheurs des dames" comme simple lieu d'action ou ou dans une intention délibérée d'utiliser la renommée d'une marque déposée afin de grandir le roman. Pour ma part, et ne connaissant pas personnellement Lalie Walker, je pense que le "marché saint Pierre" ne ressortira pas grandit de ce roman, mieux on peut aussi se poser la question  de l'utilisation de ce procès pour le propriétaire à des fin publicitaires...retour des choses, la question est à double tranchant.

Réponse le 15 octobre 2010.

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 15:34

_4619web.jpgSur chacun des murs de la pièce se trouvait une échelle coulissante qui permettait d’accéder aux rangées supérieures. Au centre, une table à côté de laquelle une chaise unique traduisait la destination solitaire de ces lieux. Sur la table, un éclairage représentant une femme nue en bronze portant un abat jour en pétales du même métal, éclairait faiblement un ouvrage ouvert à la page quarante deux.

- Pourquoi une seule chaise mon oncle ?

Jean esquissa un tendre sourire à l’adresse du petit Henri.

- Tu as raison. Dorénavant il y en aura deux, répondit-il en ébouriffant les cheveux d’Henri.

- Pourquoi tant de livres mon oncle ?

- J’ai toujours eu soif de connaissance. Cela fait maintenant des dizaines d’années que j’accumule tous ces manuscrits. Ici est retracée toute la pensée humaine, des philosophes grecs aux derniers essais sur la physique, l’histoire des civilisations et de l’évolution, les traités de géo politique, etc. Dans ce lieu, des siècles de pensées, de réflexions humaines sur les hommes, la vie, la mort. J’ai pensé que cela t’intéresserait d’y avoir accès…non ?

- Heu…oui.

Henri comprit à cet instant qu’il trouverait ici réponse à ces questions et surtout à celle qui lui taraudait l’esprit depuis quelques mois : qui sommes nous ?

- Tu pourras venir ici autant de fois que tu voudras, bien entendu, à condition que tu n’en parles à personne. Promets-le !

- Promis mon oncle !

- Allez Henri, il est temps de rejoindre les autres.

Ils regagnèrent tous les deux la grande salle où la musique le submergea comme une vague déferlante. Le brouhaha des discussions débridées, le tintement des verres qui s’entrechoquaient, les rires hauts et parfois forcés, emplirent la tête d’Henri d’un pincement douloureux.


De cela, Henri se souvenait parfaitement. Au dessus de lui, le chêne sous lequel il était assis, agita ses feuilles. Les branches ondulèrent dans une danse macabre. Quelques feuilles tombèrent. Avant même qu’elles ne touchent le sol, il tendit la main afin que l’une d’elles puisse s’y reposer. Car cette simple feuille, si anodine, avait rempli sa fonction dans l’alchimie de l’arbre. Grâce à cette petite feuille, l’arbre entier avait pu croître, activer sa photosynthèse, retenir l’eau nécessaire à la vie. Il le savait bien, Henri, qui avait aujourd’hui découvert les secrets de la vie et de la mort. Le pourquoi. Le comment. Il savait que rien ne se perd, tout se transforme. Rien n’est mort, tout revit.

Le ciel commença à s’obscurcir au loin.

L’orage allait gronder.

C’était coutumier en ce mois de mars. Pourtant, durant toutes ces années (il allait avoir quatre vingt dix ans) il avait pu observer combien le climat avait changé. Les écarts de températures étaient plus grands, les orages plus fréquents et plus dévastateurs. Il faisait plus froid l’hiver et plus chaud l’été. La saison froide, ses articulations douloureuses, lui rappelaient combien il était vieux et chaque été, la canicule lui faisait mal à la poitrine. De temps en temps, il se demandait comment serait la suite de sa mort. Terre, grain, vers, arbre, feuille, fourmis…le mystère demeurait car s’il avait fait bien des découvertes, seule la destination lui échappait. Un oiseau vint se poser à sa droite et le regarda en dodelinant de la tête un peu comme pour dire : « Quelle drôle de branche est-ce là ? ». Hé non, oiseau ce n’est pas une branche c’est juste Henri. L’oiseau resta deux bonnes minutes à l’observer, puis, s’envola. Henri sourit de ce coup du sort car il connaissait l’oiseau, il identifia aussitôt sa femme disparue.

Aujourd’hui, Henri était tout seul : ses enfants, ses petits-enfants, sa femme, tous étaient « morts» ou plutôt recomposés, comme il préférait dire. Souvent, il s’était posé cette question : est-ce-que côtoyer la mort préserve de la mort ?

Il n’avait toujours pas la réponse.

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10 avril 2010 6 10 /04 /avril /2010 09:03

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Je recommande :

Vous qui aimez les romans policier, qui cherchez un auteur ou un titre. Vous trouverez sur ce blog, que je relais ci dessous, toutes les informations concernant les publications, les interviews, les salons, etc.

 

Toute l'actualité du polar concentré sur un blog :

 

http://action-suspense.over-blog.com/article-lalie-walker-face-au-proces-de-la-fiction-46027052.html

 link

Photo: funphotobox


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9 avril 2010 5 09 /04 /avril /2010 06:40

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C'est aujourd'hui qu'a lieu le jugement du procès entre "Le marché saint Pierre" et Lalie Walker pour l'affaire du roman intitulé :  "Aux malheurs des dames".

Rappel des faits: un procès pour diffamation est intenté par le propriétaire de "Le marché Saint Pierre" envers Lalie Walker romancière de polars et sa maison d'édition pour avoir situé l'intrigue de son roman dans ce lieu sans l'autorisation du propriétaire.

Plus d'infos :

                        Liberté d'écrire !!!!!

                        http://www.laliewalker.com

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 17:25
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Pierre Morin se coucha, comme tous les jours, vers 22 heures trente, après le film du dimanche soir. Il enfila le pyjama à rayures que sa mère lui avait offert pour ses cinquante ans. Aujourd'hui, il avait cinquante cinq ans tout rond. Monsieur Morin avait, dans sa jeunesse, rencontré, aimé et perdu, une jeune fille de son village natal. Elle était la plus belle fille du village. Convoitée par tous, à chaque festivité, son carnet de bal était plein. Pourtant, c'est lui qui l'avait eue, lui, le petit sans envergure! Pierre n'était pas laid, mais n'avait pas le charme des hommes sûrs d'eux et de leur valeur. Elle s'appelait Sophie. Elle avait une manière de marcher en se déhanchant, qui en affolait plus d'un. Pour autant il n'y avait rien de provoquant ou de vulgaire dans sa démarche, juste de la classe et une grande aisance naturelle. Pierre Morin fut le seul homme qu'elle connût, car, un jour, une voiture la faucha à la sortie de l'église. Elle avait vingt cinq ans.
Depuis, Morin avait quitté son village et était venu s'installer en ville où il avait trouvé le travail qu'il exerce encore aujourd'hui, depuis trente ans. Ses voisins et ses collègues disaient de lui que c'était un homme discret, tranquille, sans ennuis. Il était toujours à l'heure au travail et ne  payait jamais son loyer en retard.

Ainsi donc, Pierre Morin se coucha, lut un passage de la bible, et, après avoir régler le réveil matin, il éteignit la lumière.

Ce soir-là, le sommeil vint tout de suite...

Sortant de l'ombre, deux personnages se retrouvèrent:

- Vous êtes encore là vous ?
- Ne commencez pas à m'agresser! Vous savez très bien que dès que vous sortez, je vous suis comme mon ombre. Il n'est pas question de vous laisser le champ libre. Vous avez une trop mauvaise influence sur lui et...
- Hypocrite que vous êtes! Si cela ne tenait qu'à moi, il y a longtemps que je vous aurais fait disparaître dans les limbes.      Malheureusement, on ne peut pas se passer l'un de l'autre. On est bien obligés de se supporter...même si ça me coûte.
- C'est de votre faute aussi tout ça, si vous étiez moins exigeant, les choses se passeraient autrement et je suis certain que nous arriverions à un terrain d'entente. Il a besoin de vous, autant qu'il a besoin de moi. Vous avez trop tendance à le pousser à bout. C'est de votre faute s'il s'attire des ennuis, c'est de votre faute s'il n'arrive pas à l'oublier malgré toutes ses années. Si je n'étais pas là pour vous freiner, je ne sais pas ce qui...
- Allons, allons, encore en train de vous chamailler. Vous n'en avez pas assez de toutes ces disputes depuis tant d'années?
- Vous êtes en retard mon cher...comme d'habitude...
- C'est bien vrai ça! Nous somme là depuis au moins une nanoseconde...
- Je sais, mais ce n'est pas de ma faute, je me suis perdu dans le labyrinthe nord, là où nous jouions enfants...
- Je suppose que vous parlez de celui où nous sommes restés enfermés quand il était gosse?

- Celui-là même!
- C'était le bon temps, nous n'étions pas obligés de travailler à cette époque!
- Surtout avec vous dans mes jambes!
- Je vous ferais remarquer, mon cher ami, que vous n'avez pas eu grand chose à faire depuis la mort de sa femme. Je me suis occupé de tout!
- Belle réussite! Regardez-le donc! Il n'a plus d'envie, il ne s'amuse plus! Il se retrouve tout seul, sans femme et sans amis!
- Je ne suis pas d'accord, je lui procure une certaine tranquillité et l'assurance d'une bonne intégration dans la société, le tout, dans les convenances du temps...Sans moi, vous en feriez un bon à rien, un voleur...ou pire!
- Ah, pardon! Je suis la vérité! Lui, c'est moi.
- Heu...non, c'est moi son Moi.
- Mais oui, mais oui...
- Et puis d'abord, cessez de vous quereller, vous savez très bien que je me sens mal quand vous vous opposez.
- RRrrr...c'est impossible que nous nous entendions, nous sommes trop différents. Chaque fois que nous passons devant la vitrine d'une boutique dans laquelle un objet lui plaît, je vous entends lui susurrer à l'oreille : " Allez , vas-y, prends-le, achète-le...tant pis si tu n'as pas assez d'argent, hi, hi, on verra bien plus tard!"; vous croyez que je ne vous entends pas?
- Je vous interdis de me parler ainsi, c'en est trop...!!!

Et "Ca" se précipita à la gorge de "Sur-Moi" et le fit disparaître. Il ne resta plus que "Ca" et "Moi". "Ca" fut refoulé dans les profondeurs de l'inconscient et "Moi" tomba malade.

Le lendemain, lorsqu'il se réveilla, Pierre Morin se sentit irritable.
Son médecin diagnostiqua une névrose.

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21 mars 2010 7 21 /03 /mars /2010 08:17

4431723049_4a12d2564e.jpgLa bibliothèque, donc, s’ouvrit, à gauche de la cheminée, laissant entrevoir aux yeux ébahis d’Henri un étroit couloir pas plus large qu’un homme. Le passage sombre et froid lui inspirait crainte et curiosité à la fois. Les parois de pierre de taille suintaient d’humidité et, par endroit, étaient recouvertes de mousses et de champignons. Henri tremblait, il avait froid. Il mit les mains dans ses poches pour les réchauffer. L’oncle Jean voyant l’état d’Henri, fit demi tour, alla chercher une couverture dans la chambre et l’en revêtit.

- Merci tonton…

L’oncle tapota la tête du petit puis, le prenant dans ses bras, l’entraîna dans les profondeurs de son antre après avoir refermé le passage.

Henri eut juste le temps de percevoir les dernières notes du « Beau Danube bleu » avant que le silence ne les submerge tous les deux.

 Depuis le début, Henri s’interrogeait sur  ce que le vieil homme voulait lui montrer. Un trésor caché ? Un coffre empli à ras bord de pièces d’or ? Des bijoux ? Trésor perdu des conquistadors, retrouvé pas l’oncle Jean au cours de ses nombreux voyages autour du globe ? Tableaux ? Pierres précieuses ?

L’esprit du jeune Henri se perdit en conjectures et imagina mille secrets, mille mystères, bref mille raisons d’être heureux et d’avoir le cœur exalté.

Ce couloir lui parut interminable, même dans les bras de son oncle qui ne disait mot. Pour passer le temps, il regarda ses mains puis ses ongles. Pas la moindre callosité, pas la plus infime trace de graisse ou d’encre. Il observa avec frustration ses ongles bien entretenus par sa gouvernante qui, chaque matin, lui faisait la toilette et repoussait avec patience et dextérité la fine peau qui recouvrait ses ongles. Lavé, récuré, frotté, gratté, peigné, puis habillé, épousseté, arrangé et présenté tous les matins au jugement maternel, Henri avait l’impression d’être un objet de valeur qu’il fallait entretenir et conserver intact…telle une sculpture de prix. Il aurait aimé au moins une fois, pouvoir se ronger les ongles, s’arracher un cheveu ou traîner des pieds ! Mais sa position privilégiée, comme il avait entendu son père le dire, ne lui permettait jamais de tels écarts de conduite. Henri se demandait pourquoi tant de préciosité, puisque ses parents eux-mêmes ne le voyaient que quelques heures par semaine. Il se souvint avoir posé la question à Odile, sa gouvernante. Elle avait hésité, regardé autour d’elle le luxe de la chambre où dormait Henri, contemplé l’immense parc boisé à travers les fenêtres et posé son regard sur les vêtements d’enfants étalés sur le petit lit puis, se tournant vers Henri, debout dans la bassine argentée, parfumée aux essences exotiques, attendant une réponse, avait dit : « Parce que…parce c’est comme ça, il y des choses qui ne changent pas ! »

Longtemps, le jeune Henri s’était juré de s’évader de ce carcan familial sentant le renfermé et les privilèges. Il attendait avec impatience ses 21 ans.

C’est pourquoi, lorsqu’il entra avec l’oncle Jean dans l’antre de la connaissance, lorsque il lui montra son immense bibliothèque aux milliers de livres tous plus vieux les uns que les autres, Henri sut que là était son salut. Il le sentit plus qu’il ne le sut, comme un instinct de survie vous dicte de ne pas traverser une rue. Il comprit immédiatement, par cette sorte de certitude qu’ont les enfants de son âge, qu’il trouverait les réponses à toutes ses questions et les solutions à tous ses problèmes.

J’ai mis quarante ans de ma vie à constituer cette bibliothèque, dit gravement l’oncle Jean, quarante ans, quatre fois ton âge ! réalises-tu ?

Henri souriait à son oncle, non, il ne se rendait pas compte. Quatre fois son âge ? Autant dire une éternité !

Les livres étaient rangés du sol au plafond, si haut, que le jeune Henri devait se tordre le cou pour en contempler l’immensité ! D’imposantes bibliothèques de bois verni qui dégageaient une douce odeur de miel, paraient les quatre murs de la pièce.   

Il admirait le plus grand étalage de livres, romans, traités de philosophie, essais de physique, de chimie, de mathématiques qu’il lui eût été donné de voir de toute sa jeune vie !

L’oncle Jean, le tenant par l’épaule, eût une vision circulaire avec ce regard de fierté qu’Henri lui avait déjà vu, lorsque quelques mois plus tôt, il avait trouvé (ou négocié) les notes manuscrites d’Albert Einstein sur ce qui deviendrait la Théorie de la Relativité.

Henri eût, à ce moment-là, comme un vertige, qu’il ne sut s’il fallait l’attribuer à « l’impériosité » (sic) des lieux ou à l’odeur prenante et enivrante de cire d’abeille qui imprégnait le bois de chêne.

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17 mars 2010 3 17 /03 /mars /2010 12:13

4290184021_f720db05a9.jpgLe politicien, fier de sa victoire, exhibait sur son visage l’expression orgueilleuse de triomphe que suscitait cet accord de paix définitive. Trop heureux de ne pas démériter de la patrie, Daladier ressentait cet accord comme une victoire personnelle sur la guerre. Ce jour là, la France entière, aveuglée par son désir de paix et à peine sortie de la crise économique, s’endormait sur les lauriers poussiéreux de la guerre de 14-18.

Lorsque l’hymne s’acheva, Daladier entama son discours sur la grande entente franco-allemande ratifiée à Munich : « Non, l’Allemagne n’est pas l’ennemi naturel de la France… »

Dans l’immense foule entassée au pied du podium, l’oncle Jean tenait Henri par la main, l’écrasant plus ou moins en fonction du propos démagogique de Daladier. Contrit, parfois stupéfait, souvent affligé, l’oncle jean martelait le sol du pied, en signe d’impatience. Autour d’eux, la foule amassée comme un seul homme, clamait sa joie et son soutien au politicien qui, au milieu de l’estrade, entouré des officiels, illustrait son discours de nombreux gestes. Henri se souvint avoir pensé que, s’il se mettait à pleuvoir, eux au moins seraient protégés.

A cette époque il ne faisait aucun doute que l’accord de Munich fut la seule issue pour la France. Cette France qui, encore une fois, n’avait pas su se préparer à temps, n’avait pas voulu voir l’inexorable montée des extrémismes de tout poil. Ce peuple gaulois qui, bien que ne manquant pas de courage, avait prouvé dans son histoire qu’il savait mieux résister à la tyrannie en place que d’empêcher sa croissance en son sein. Ce peuple gaulois qui, rempli d’une confiance aveugle dans sa classe politique, n’avait pas su voir les manipulations délictueuses d’une certaine classe niant sa souveraineté (la cinquième colonne était née). Ce peuple gaulois enfin, qui, lassé des guerres qu’on lui imposait, était prêt à accepter toutes les compromissions. Comment lui en vouloir à cette France, suivant le cortège des « pays autruches » qui préféraient dîner à la table du diable plutôt que de le servir ? Où va donc se nicher l’honneur d’une nation ?

Sur la place d’Etretat, donc, Daladier recevait les acclamations qu’il croyait méritées. Acclamations unanimes et sincères d’un peuple marqué par les guerres et soumis à la pesante inertie des mentalités conservatrices. Lorsque Daladier finit son discours, il reçoit les applaudissements fournis, comme la récompense d’un travail chèrement payé…

Seul l’oncle Jean, l’expression d’affliction au visage, n’applaudit pas. Statufié de voir autant de naïveté dans ce peuple qui est le sien, il se contentait de sourire amèrement en réponse au monsieur en redingote qui l’exhortait du coude à se joindre à la liesse populaire.

Puis, calmement, et sans aucune agressivité, lorsque les clameurs se furent tues, alors même que les officiels s’apprêtaient à quitter l’estrade, dans un silence assourdissant, l’oncle Jean interpella Daladier de sa voix forte : « Monsieur Daladier, pensez-vous vraiment que l’accord de Munich empêchera les nazis d’envahir la France si bon leur semble ? N’est ce pas plutôt un leurre pour une populace en mal de sécurité et destiné à rassurer les possesseurs de capital ? »

Henri, qui tenait toujours la main de son oncle, sentit les regards l’entourer. Mais l’intervention de l’oncle Jean, par sa spontanéité, par sa soudaineté, par son impudence, l’avait porté, lui, le petit garçon de quelques printemps, comme au cœur de l’Histoire. Du moins c’était l’effet que cela lui faisait. Il s’en senti comme auréolé, des lauriers qui marquent les grands Hommes de notre temps.

Peu importe quelle fût la réponse du politicien, fi de l’indignation générale, de toute façon, Henri n’était pas certain de comprendre ces histoires de grands, l’essentiel était qu’il lui semblait être porté, lui aussi, vers les sommets, et que d’une certaine manière, cette auréole devenait aussi la sienne.

Dans les années qui suivirent, Henri en fut exagérément reconnaissant à son oncle et porta une admiration quasiment sans bornes à l’homme qui avait osé interpeller Daladier.

 

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 12:36
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Un petit rappel ou une découverte pour ceux qui connaissent ou ceux qui ont envie de découvrir l'univers de la SF.
En 1972  (en 1975  pour la traduction française)  un roman de SF intitulé : " Le troupeau aveugle" est édité.

L'auteur en est John Brunner. Il est né en Angleterre en 1934. Parmi ses romans on doit citer "Tous à Zanzibar"considéré comme l'un des plus grands romans d'anticipation de notre temps ( Prix Hugo en 1969).

L'histoire du " troupeau aveugle"  relate une terre ou tout est mort ou sur le point de l'être à cause de la pollution, des pluies acides, une terre sur laquelle les microbes sont resistants, etc.
Bref un monde ou l'homme n'a pas su anticiper les conséquences de son développement.
A méditer.
 Plus d'infos sur le lien wikipédia ci dessous :

http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Brunner#The_sheep_look_up_.281972.2C_Le_troupeau_aveugle.29

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Textes: Dominique Sudre
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