Le blog de Dominique Sudre

Dans un bureau, au 58 ème étage d'une tour de la Défense, une dizaine d'hommes en costard anglais ou italien à 2000 euros fabriqués dans les usines délocalisés en Chine de l'un d'entre eux, devisent (et je choisis mes mots) autour d'un buffet garni de victuailles à faire pâlir Obelix lui même, une coupe de champagne à la main. Autour d'eux, trois  serveurs d'origine exotique dont on ne sait s'il ont leurs papiers, mais quel importance puisque le ministre est là, remplissent les verres vides et font le tour des invités avec les plateaux de petits fours qui nourriraient à eux seuls toute la campagne 2009/2010 des Restos du coeur.
On rigole, on plaisante.
Dans un coin, deux hommes conversent:
- Alors, tu es content de cette année 2009?
- hum...oui, plutôt, on a fait de gros profit, plus 12 % par rapport à l'année dernière, je crois que j'ai le soutien du conseil et les actionnaires sont contents, et toi?
- mouais, j'aurais pu faire mieux si j'avais pu délocaliser de suite, mais avec les syndicats sur le dos, tu sais ce que c'est, mais je ne m'en sors pas trop mal, ils réclamaient 30 000 euros par salariés, je m'en suis sorti avec 17 000 euros, les cons j'étais près à aller jusqu'à 25 000, j'avais déjà provisionné...répond-il en souriant et en s'enfournant un feuilleté à la saucisse. Mais bon en délocalisant en Inde je gagne 75 % sur mes frais fixes et comme il s'agit d'un nouveau produit je ferai passer l'augmentation du prix final sous couvert de coût de recherche et d'investissement. Malin, hein?
- Pas mal, pas mal, fait l'autre. Et au final tu en as licencier combien?
- 3200, plus 200 départs en retraite anticipé et 400 reconvertis au frais de l'Etat au travers des formations. Franchement j'ai fait une bonne affaire. Hé, hé...
Il entrechoque son verre sur celui de l'autre homme.
Un troisième homme, la cinquantaine les rejoint.
- Alors de quoi parle-t-on ici?
- De quoi veux-tu qu'on parle? Profit bien sur. D'ailleurs j'ai lu dans la presse que tu t'en es bien sorti toi aussi, hein!! Là sur ce coup là tu es notre maître à tous. Si, si ne fais pas l'immodeste. perdre 5 milliards sur les marchés, crier au loup auprès du ministre des finances en annoncant que tu ne pourrais plus faire face à tes engagements de crédit vis à vis des entreprises si tu n'avais pas un coup de pousse, prendre le pognon, le rembouser sur les frais bancaires que tu augmentes et facture à tes clients, tout en maintenant les bonus c'était déjà très fort, mais refuser ou supprimer une ligne de crédit, par la suite, aux PME afin de consolider ta trésorerie, alors là mon salaud...pardon Monsieur Salaud!
- J'avoue avoir eu un éclair de génie, hi,hi,hi...
Les trois hommes se tournent alors vers un quatrième qui hésitent au buffet entre saumon et paté.
- Par contre les gars, méfions nous de celui là, sous ses faux airs, ce mec sympa, il est en train de nous couper l'herbe sous les pieds. Ecoutez bien, sous couvert d'ecologie et d'économie durable, il fait croire à tout le monde qu'une ampoule à économie d'énergie consomme 30 % de moins, que des éoliennes suffiront à produire l'électricité nécessaire à une commune alors qu'une seule éolienne ne produit que 6 KW/heure, tu vois bien il faudrait une éolienne par foyer; il fait croire qu'un panneau solaire suffit à alimenter une maison; oui, si on dispose de 130 m2 de terrain à y consacrer; il défriche des hectares entier afin d'y faire pousser du colza pour ses énergies renouvelables en Amérique du Sud en privant des millions de gens de la production de soja ou autre dont ils dépendaient... et pendant ce temps là il empoche les profit écologiques. Franchement trop fort le gars ! Heureusement qu'on a monsieur prétrole là bas qui discute avec le ministre de notre coté. D'ailleurs il m'a fait part l'autre jour de son projet de racheter toutes les entreprises d'énergie renouvelable et les mettre dans son tiroir avec la licence du moteur à eau au cas ou le pétrole viendrait à manquer, mais là je lui fais confiance, il parait qu'on vient de trouver un filon incroyable en Island ou en Antartique. Bon je vous laisse, il y a le Ministre qui me fait signe...

Un petit goût de champêtre !!!